On a tou·te·s envie d’une famille, de cadeaux et d’un joli réveillon 🎄

À l’approche des fêtes de fin d’année, un thème revient sys­té­ma­ti­que­ment dans le débat public : les excès de Noël. Sur­con­som­ma­tion, gas­pillage, cadeaux super­flus… Les mes­sages appe­lant à une fête plus sobre, plus res­pon­sable occupent lar­ge­ment l’espace média­tique. Or, lorsque l’on parle de trop-plein, une autre réa­li­té reste lar­ge­ment dans l’ombre.

On asso­cie Noël à la cha­leur, au “retour à la mai­son”, aux grandes tablées. C’est ce que racontent les marques, les films, les vitrines, les publi­ci­tés : un récit col­lec­tif très codé, très “ras­sem­bleur”. Sauf que pour beau­coup, les fêtes ne ras­semblent pas : elles sou­lignent l’absence, rap­pellent une rup­ture, un éloi­gne­ment, une pré­ca­ri­té, une vie sociale fragilisée.

Dans ce numé­ro de décembre, IMPACT by Mlle Pitch choi­sit de dépla­cer le regard. Nous sou­hai­tons mettre en lumière un enjeu humain, sou­vent invi­si­bi­li­sé : la soli­tude pen­dant les fêtes.

LA TRIBUNE DE MAGALI FAGET, FONDATRICE DE L’AGENCE

Noël, ce que l’on ne célèbre pas

Noël est une fête : celle du lien, de la famille, de la pré­sence, et d’un bon­heur par­ta­gé, presque obli­ga­toire. Pour­tant, la réa­li­té sociale est moins lisse.

En France, 16 % des Français·es déclarent pas­ser Noël seul·es*. Au-delà de l’isolement mesu­rable, il y a le res­sen­ti : un sen­ti­ment de soli­tude dif­fus, par­fois ins­tal­lé, qui tra­verse toutes les géné­ra­tions.
(* Étude Ifop 2024)

Noël agit alors comme un ampli­fi­ca­teur.

Quand on est entouré·e, la fête se ren­force. Quand on est isolé·e, l’absence devient plus visible, plus bru­tale. C’est pré­ci­sé­ment parce que Noël est ritua­li­sé que celles et ceux qui n’entrent pas dans ce récit peuvent se sen­tir invisibles.

Technologies relationnelles : un faux remède à l’isolement

Des conver­sa­tions dis­po­nibles à toute heure, sans juge­ment, via des outils numé­riques, dont les chat­bots. Cer­taines recherches sug­gèrent que, pour cer­tains pro­fils et en cas d’usage inten­sif, ces outils peuvent s’accompagner d’un ren­for­ce­ment du sen­ti­ment de soli­tude ou d’un recul des inter­ac­tions sociales réelles. Est-ce l’outil qui isole, ou l’isolement qui pousse à l’outil ?

Ce que signifie vraiment “s’engager” à Noël

Chez Mlle Pitch, nous sommes convaincu·e·s d’une chose : l’engagement ne se mesure pas en inten­tions, mais en situa­tions de lien.

À Noël, s’engager ne consiste pas seule­ment à dif­fu­ser des mes­sages cha­leu­reux. Cela signi­fie créer des occa­sions réelles où le lien devient pos­sible : expé­riences par­ta­gées, inclu­sion pen­sée dès la concep­tion, atten­tion por­tée à la recon­nexion plu­tôt qu’à la visibilité.

Cela passe aus­si par des gestes très concrets :

LE CHIFFRE CLÉ DE L’IMPACT

32 % des mères seules passeront Noël sans entourage

Près d’un tiers des mères à la tête de familles mono­pa­ren­tales déclarent pré­voir de pas­ser Noël seules.

Der­rière ce chiffre, il y a une accu­mu­la­tion de contraintes sociales, éco­no­miques et émo­tion­nelles. Être seule à Noël ne signi­fie pas tou­jours être sans enfants, mais être sans relais, sans sou­tien adulte, sans espace pour par­ta­ger autre­ment que dans la responsabilité.

Dans un contexte où le récit domi­nant célèbre le couple et la famille élar­gie, cette soli­tude peut deve­nir encore plus vio­lente.

Elle rap­pelle que les fêtes ne sont pas vécues de la même manière par toutes et tous.

LA RUBRIQUE CONSEILS

Agir concrètement contre la solitude

S’engager contre la soli­tude peut prendre des formes simples et immé­diates, par­ti­cu­liè­re­ment pen­dant les fêtes.

Sou­te­nus par la Fon­da­tion de France, ces réveillons sont orga­ni­sés par­tout en France par des asso­cia­tions locales. Les béné­voles par­ti­cipent à la pré­pa­ra­tion des repas, à l’accueil des per­sonnes iso­lées et à l’animation de moments fes­tifs pen­sés comme de vrais temps de partage.

Les Petits Frères des Pauvres pro­posent, à Noël, des repas, des ren­contres ou des temps de visite pour des per­sonnes âgées sans entou­rage. Être présent·e pour dis­cu­ter, par­ta­ger un repas ou sim­ple­ment rompre le silence fait par­tie inté­grante de l’engagement

La Croix-Rouge fran­çaise mobi­lise des béné­voles pen­dant les fêtes pour des actions de convi­via­li­té : dis­tri­bu­tions de repas, temps d’échange, moments par­ta­gés avec des per­sonnes iso­lées, adultes comme enfants.

Même ponc­tuelles, ces actions per­mettent de créer des ren­contres réelles et rap­pellent que,
face à la soli­tude, le lien se construit avant tout dans la présence.

LA RUBRIQUE CULTURE

La Cage aux Folles : créer du lien par l’expérience collective

Et si la culture était un levier puis­sant contre l’isolement ?

Avec La Cage aux Folles, le spec­tacle vivant rap­pelle que la scène peut être un espace de ras­sem­ble­ment, mais aus­si d’inclusion, de recon­nais­sance et d’engagement.

Cette comé­die musi­cale emblé­ma­tique met en scène un couple homo­sexuel à la tête d’un caba­ret de drag queens. Der­rière l’humour et le flam­boyant, le spec­tacle porte un mes­sage pro­fon­dé­ment poli­tique : celui du droit à être soi, à aimer libre­ment, et à exis­ter en dehors des normes domi­nantes. En don­nant une place cen­trale aux iden­ti­tés LGBTQ+, La Cage aux Folles trans­forme la scène en espace de visi­bi­li­té et de fierté.

À l’heure où l’isolement touche de manière dis­pro­por­tion­née les per­sonnes mar­gi­na­li­sées, La Cage aux Folles rap­pelle que la culture peut être à la fois un refuge, un miroir et un moteur de trans­for­ma­tion sociale.

La Cage aux Folles
📍 Théâtre du Châ­te­let – Paris
📆 Jusqu’au 10 jan­vier 2026