
Comment continuer à mobiliser quand la générosité s’essouffle et que la confiance vacille ?
Dans ce premier numéro, nous explorons la nouvelle ère de la collecte de dons, entre cagnottes en ligne, micro-dons et événements live. Nous montrons pourquoi l’inflation fragilise l’élan solidaire, quelles erreurs éviter pour bâtir une campagne durable, et comment la culture peut aussi devenir un puissant levier d’engagement.
Chaque mois, IMPACT by Mlle Pitch décrypte les grandes tendances de la communication engagée et propose des clés pour transformer l’émotion en action.
LA TRIBUNE DE MAGALI FAGET,
FONDATRICE DE L’AGENCE MLLE PITCH
La générosité 3.0 : des rues aux réseaux

En quelques années, la collecte de dons a connu une véritable révolution. Nous sommes passés de la quête dans la rue, où l’on demandait une pièce pour la bonne cause, à des cagnottes en ligne qui lèvent des millions en quelques heures.
La collecte traditionnelle reposait sur la proximité : la boîte en métal du Secours populaire, les bénévoles en gilets colorés. Mais la crise sanitaire, l’essor du digital et les nouvelles habitudes de paiement ont tout bouleversé.
Selon France Générosités, 1 don sur 3 est aujourd’hui réalisé en ligne (33 % en 2024, contre 20 % en 2019).




Cette mutation impose aux associations et aux marques de repenser leurs stratégies. Comme le résume Nicolas Rossignol, directeur de France Générosités : « Le don n’est plus un acte isolé mais une expérience qui doit être nourrie avant, pendant et après ».
Autrement dit :
· La confiance est clé. Les donateurs veulent des preuves, des résultats, de la transparence sur l’utilisation des fonds.
· La communauté prime sur l’audience. Le succès du ZEvent tient moins au volume médiatique qu’à l’adhésion de communautés soudées autour de créateurs.
· La récurrence est un enjeu vital : transformer un clic ponctuel en relation durable.
Mais alors, comment émerger sans opportunisme, comment durer dans un univers saturé, et surtout comment éviter le “cause washing” ?
Chez Mlle Pitch, nous sommes convaincus d’une chose : une campagne de dons n’est plus seulement une collecte, c’est un récit.
- Un récit incarné (par des communautés, des créateurs, des ambassadeurs légitimes).
- Un récit créatif (qui surprend, qui inspire, qui mobilise).
- Un récit prouvé (qui montre concrètement l’impact des dons).
La collecte performante aujourd’hui, c’est celle qui transforme une intention en action, et une action en relation durable.
LE CHIFFRE CLÉ DE L’IMPACT
La générosité stagne… la faute à l’inflation !
Selon le Baromètre de la générosité 2024 de France Générosités, les dons des particuliers ont progressé de +1,9 % en euros courants par rapport à 2023. Mais une fois corrigés de l’inflation, cette hausse disparaît : en réalité, la générosité n’a pas gagné en valeur !

Le constat :
La preuve d’impact devient décisive pour maintenir la confiance
Les petits dons s’essoufflent.
Les dons réguliers progressent mais ne suffisent pas à compenser.
Notre point de vue chez Mlle Pitch :
Demain, les campagnes de dons devront être simples, transparentes et prouver concrètement ce que chaque euro permet d’accomplir. La créativité seule ne suffit plus.
LA RUBRIQUE CONSEILS
3 erreurs à éviter quand on veut réussir une campagne de dons aujourd’hui

Un message émouvant ne suffit plus. Les donateurs veulent des preuves concrètes de l’impact de leur don. Sans reporting clair, la confiance s’érode.
Une campagne trop générale se perd. Mieux vaut cibler des communautés précises (jeunes, familles, gamers, salariés) et adopter leurs codes.


Un gros élan ponctuel est utile, mais sans suivi (micro-don, don régulier, newsletters), on perd la moitié de la valeur de la collecte.
En résumé : prouver, cibler, fidéliser. Trois clés pour transformer une campagne en succès durable
LA RUBRIQUE CULTURE
Muganga : le cinéma comme levier d’engagement
Il y a des films qui divertissent, d’autres qui questionnent. Muganga, qui est sorti en salles mercredi 24 septembre, appartient à une autre catégorie : celle des œuvres qui soignent et qui réparent.

Inspiré du combat du docteur Denis Mukwege, Prix Nobel de la Paix 2018, surnommé “l’homme qui répare les femmes”, le film raconte le quotidien de l’hôpital de Panzi, en République Démocratique du Congo, où sont prises en charge des milliers de survivantes de violences sexuelles utilisées comme armes de guerre.
“La violence n’est pas une fatalité, elle est un choix politique. Et comme tout choix, elle peut être déconstruite”, rappelle Denis Mukwege. Le film s’inscrit dans cette lignée : montrer l’horreur, mais surtout mettre en lumière la résilience, la dignité retrouvée et la capacité collective à reconstruire.


Muganga pose une question centrale : comment filmer la violence sans la spectaculariser ? Comment montrer les survivantes sans les réduire à leur souffrance ? La mise en scène fait le choix du respect et de la pudeur, pour faire émerger l’espoir et la force plutôt que le voyeurisme.
Quand la culture rejoint l’engagement
Chez Mlle Pitch nous croyons que les campagnes engagées ont beaucoup à apprendre du cinéma :
· L’incarnation : faire passer un message par des visages, des histoires vraies.
· La narration : bâtir un récit qui capte l’attention et l’émotion.
· La preuve : montrer les résultats, donner de la chair à l’engagement.
